lundi 10 janvier 2011

L'évaluation des enseignants par les étudiants


Comme un grand nombre de mes collègues, le jeudi 6 janvier 2011, j'ai reçu dans mon courrier électronique un message signé "sawt ettalaba" (La voix des étudiants). Il s'agit d'une évaluation des enseignants et de certains responsables de l'administration universitaires faite par un important groupe d'étudiants de l'université Sidi Mohammed Ben Abdellah de Fès.
Autant dire que c'est une première qui ne va pas passer comme une lettre à la poste! J'imagine déjà la polémique et la levée de boucliers que cette initiative va occasionner dans le corps enseignant!
La notation des enseignants par leurs élèves ou par leurs étudiants est une pratique courante bien établie dans le monde éducatif anglo-saxon. Dans la politique éducative française qui opère dans le sens d'une plus grande autonomie des institutions universitaires, cette mesure n'est pas généralisée mais connaît une percée dans certaines universités. En France, le site internet fort controversé note2be.com permet aux élèves de noter directement en ligne leurs professeurs!
A priori, l'évaluation par les étudiants de leurs professeurs n'est qu'un juste retour des choses. Jusqu'à présent l'enseignant évalue unilatéralement le travail de l'étudiant. Pourquoi ne pas envisager la réciprocité d'une telle évaluation ? Elle aurait le mérite de permettre au professeur de percevoir les failles de sa pédagogie et ainsi de se remettre en question.
La lecture attentive de cette évaluation reçue permet de constater qu'il ne s'agit pas d'une notation chiffrée mais d'un jugement purement binaire pour ne pas dire manichéen : les enseignants sont répartis en "bons" ou "mauvais". Cette évaluation se limite à désigner seulement deux enseignants par département! Pourquoi passer sous silence les autres ? Un enseignant note l'ensemble de ses étudiants!
A ce niveau de relativité, il est de bon aloi de soulever la question des critères objectifs qui sous-tendent la distinction bon / mauvais. Par exemple, un professeur qui note sévèrement mais en toute équité est-il bon ou mauvais ? Un autre qui note avec beaucoup de largesse et qui se présente une fois sur deux à son cours est-il bon ou mauvais ?
Il faudrait au préalable enquêter auprès des étudiants afin de savoir ce qu'ils entendent justement par bon ou mauvais enseignant. A ce propos, d'aucuns pourraient s'inspirer des résultats d'une thèse publiée sur la question des représentations du professeur "idéal".
Afin de dépasser l'imparfait du subjectif de cette échelle bipolaire d'évaluation, il me semble nécessaire de l'asseoir sur un ensemble de critères bien définis qui s'appliqueraient à tous les enseignants
: assiduité ou absentéisme, clarté , autorité scientifique, disponibilité, équité des notes, motivation...etc.
Cela doit déboucher sur une large grille de notation qu'il faut distribuer à l'ensemble des étudiants d'une classe donnée. Car se pose ici le problème de la représentativité: les étudiants consultés dans l'actuelle évaluation sont-ils représentatifs de l'ensemble des étudiants concernés par telle ou telle formation ?

Dans les universités étrangères qui permettent aux étudiants de noter leurs enseignants, c'est l'administration qui récupère l'ensemble des feuilles de notations remplies par les étudiants. A partir de ces données, il devient facile d'attribuer une note moyenne à l'enseignant et en conséquence de le féliciter, l'encourager, le blâmer, voire le révoquer...On n'en n'est pas là dans notre système universitaire marocain!


mercredi 5 janvier 2011

Education et didactique

"La revue Éducation & Didactique est née d’une volonté manifestée au sein de l’Association pour les Recherches Comparatistes en Didactique de repenser les rapports entre les didactiques à l’intérieur des recherches en éducation et de développer les relations entre la didactique et les autres sciences de l’homme et de la société. Dans cette perspective, la revue s’attachera à publier des contributions provenant de didactiques diverses, dont certaines consacrées expressément à une approche comparatiste, et des contributions provenant des sciences de l’éducation, de la philosophie, de la sociologie, de la psychologie, de la linguistique… centrées sur des faits d’éducation et de formation."
Il est désormais possible de consulter en ligne certains numéros de cette revue à vocation didactique.