jeudi 14 mai 2015

Colloque “Où en sont les théories de la photographie?”


Le 27 mai 2015 au centre Pompidou à Paris, sera organisé un colloque autour de la question :   “Où en sont les théories de la photographie?”
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Argumentaire: Durant la majeure partie du XXe siècle, la pratique photographique s’est accompagnée d’un important travail d’élaboration théorique, qui a contribué à structurer le champ. L’arrivée des technologies numériques a accéléré l’essor des usages de l’enregistrement visuel. Qu’en est-il de la préoccupation théorique dans ce nouveau paysage?
Ce colloque sera l’occasion de faire le point à la fois sur l’histoire du questionnement théorique de la photographie et sur ses nouvelles interrogations. Les caractéristiques de l’enregistrement définissent-elles les contours des pratiques? Une approche générale de la photographie est-elle encore légitime? Les formes de l’authenticité sont-elles liées à une technologie? L’approche ontologique a-t-elle rencontré ses limites? La pensée du document est-elle une préoccupation historique? La photographie est-elle entrée dans une nouvelle ère? Quels sont les nouveaux contours de l’image fixe et de l’image animée? Quel rôle a joué l’interrogation théorique dans la perception des pratiques photographiques? En tentant de répondre à ces questions, ce colloque donnera l’occasion de vérifier l’état de la relation qui unit photographie et théorie.
Sur une proposition de Clément Chéroux, André Gunthert, Michel Poivert, Paul-Louis Roubert, Karolina Ziebinska-Lewandowska. Un partenariat entre le Centre Pompidou, l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne (Hisca), l’EHESS et la revue Etudes Photographiques

  • 11:00. Clément Chéroux, Introduction
  • 11:30. Joel Snyder (université de Chicago), “Photographie, ontologie et sens commun”
Certaines des positions théoriques les plus courantes sur la photographie reviennent à conforter les croyances du sens commun quant au caractère de celle-ci. Inévitablement, les significations de quelques termes importants de cet ensemble d’hypothèses ont changé avec le temps, comme le sens commun lui-même a changé. Les hypothèses sur la photographie propres à un moment donné du passé nous frappent maintenant comme étranges, énigmatiques ou même, pire que tout, simplement démodées. Cette communication portera sur les spéculations ontologiques du XXe siècle concernant la photographie, tout particulièrement dans les travaux de Siegfried Kracauer, Rudolf Arnheim, Erwin Panofsky, André Bazin, et Stanley Cavell.
  • 12:00. Philippe Dubois (université Paris 3), “De l’image-trace à l’image-fiction”
Partant des théories ontologiques des années 1980 sur l’image-empreinte (l’index, le ça-a-été), on retracera les mouvements de pensée qui ont amené les théories de la photographie, par-delà les mutations technologiques, vers une pensée plus pragmatique, liée aux usages de l’image et surtout informée par les «théories de mondes possibles» appliquées au champ du visuel. La photo moins comme image-trace-de-ce-qui-a-été-là que comme image-fiction-d’un-monde-possible, «a-référentiel» et «plausible». On étudiera les implications de cette pensée sur la question du document et de l’archive, sur celle du stock et des flux, sur celle de l’unité spatio-temporelle de l’image et sur celle de la «(non)fixité» de l’image.
  • 12:30. Jacqueline Guittard (université de Picardie), “Roland Barthes, la photographie à revers”
À considérer l’œuvre de Roland Barthes telle qu’elle fut publiée de son vivant, on peut être surpris par les innombrables photographies qu’elle prend en écharpe, soit qu’elle les montre, soit qu’elle les décrive. La richesse de ce corpus iconographique permet, d’une part, de réévaluer le poids théorique de La Chambre claire et il révèle d’autre part que l’usage barthésien de la photographie n’est pas si éloigné qu’il semble de la consommation des images contemporaines, fussent-elles numériques. La réception de la photographie par Roland Barthes circonscrit en effet un réel dont la qualité est déjà virtuelle.
  • 14:30. Michel Poivert (université Paris 1), “La photographie est-elle une image?”
Depuis les années 1990, “l’image” s’est installée dans les esprits comme une notion générique reliant art contemporain, critique sociale et esthétique. Il est temps de s’interroger sur cette fausse évidence de l’image lorsqu’il s’agit de photographie: la photographie est-elle une image? Et si c’est le cas, ne doit-on pas se demander quel rôle la photographie a joué dans la définition même de ce qu’est une image? Figure majeure de la naturalisation de la photographie au passage du XXe au XXI siècle, la notion d’image a connu une véritable mutation en un siècle, définie d’abord comme un fait de conscience puis comme un fait social. Au cœur de cette mutation, l’expérience de la photographie a été déterminante. Dès lors, une théorie de la photographie aujourd’hui peut-elle faire l’économie d’une définition de ce que nous appelons « image »?
  • 15:00. Herta Wolf (université de Cologne), “Montrer et/démontrer. Index et/ou indice”
Bien que le caractère indiciel de la photographie analogique, basée sur le principe positif-négatif, et que le procédé d’enregistrement propre à la Photographie relèvent nécessairement d’une science des indices formulée au XIXe siècle, les pratiques et techniques photographiques contemporaines ne rendent en rien obsolète ce concept historique. Les indices, tels que les promeut l’image photographiques, s’opposent toujours à leur récupération théorique. Comment, dès lors, aborder ces nouveaux points de vue sur la photographie? Par exemple par la relecture des travaux de Carlo Ginzburg (“Signes, traces, pistes. Racines d’un paradigme de l’indice” [1980]), notamment sa reprise de l’argumentation relative aux questions de méthode en histoire de l’art (Roberto Longhi), qui rend évidente la dimension historiographique de tout examen à nouveaux frais des théories de la photographie.
  • 15:30. André Gunthert (EHESS), “L’autre image. Une histoire théorique de la photographie”
Depuis son inauguration par László Moholy-Nagy, la préoccupation théorique a toujours décrit la photographie comme une autre image. Permettant une approche globale, la théorie installe la photographie comme une forme spécifique, dotée d’un rapport privilégié à la vérité, profondément différente des œuvres d’art, mais aussi du cinéma. La transition numérique met ce récit face à ses contradictions, et oblige à abandonner la justification par l’ontogenèse. La vision de la photographie renoue un temps avec sa tradition technique. L’approche théorique renaît avec les formes appropriatives et l’autonomisation des pratiques culturelles, sous l’espèce d’une critique de la subjectivité.
  • 16:15. Jean-Marie Schaeffer (EHESS/CNRS), “Quelle théorie pour quelle photographie?”
Les pratiques, supports, modes de circulation et modes de réception  de « la » photographie sont devenus tellement multiples qu’on est en droit de se demander si une théorie unifiée de « la » photographie (qu’elle soit « matérielle », sémiotique ou ontologique) est encore possible ou souhaitable. Peut-on encore parler d’une place spécifique qui serait occupée par « la » photographie dans l’écosystème des images? On s’interrogera notamment sur la place que peut encore ou que ne peut plus occuper le critère de l’indicialité dans la délimitation du statut épistémique des pratiques photographiques.