dimanche 29 mai 2022

Prise de sang

 

Sur ce large trottoir, deux personnes attendaient presque immobiles l'ouverture d'un service commercial en relation avec la téléphonie mobile. J'ai tenu par le cadrage à intégrer un fragment du panneau rouge portant en caractères arabes l'indication géographique de notre pays: المغرب.

La première photo, dans sa banalité même, offre un parallèle entre nature et culture: contrairement au réverbère, un arbre ne cultive pas la ligne rigide et rectiligne. Il peut servir éventuellement d'appui à une colonne vertébrale fatiguée...

Et puis, il y a eu ce passant comme surgi de nulle part et qui est venu animer ou combler le vide au centre de l'image. C'est plus tard, une fois la photo projetée sur un grand écran que j'ai remarqué le petit sparadrap sur la veine de son bras droit.



Photographies P1560455 et P1560456 : Fès ville nouvelle, le 28 mai 2020.

mercredi 25 mai 2022

Faire parler les photographies

Appel à communications : Faire parler les photographies 

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Colloque international, Institut National d’Histoire de l’Art (INHA), 6-7 octobre 2022 

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Argumentaire :

"On connaît le pouvoir des photographies pour déclencher l’anamnèse, le récit de soi ou des autres, dans des expériences privées ou administratives – en son for intérieur, en famille comme dans un commisariat de police ou devant une cour de justice. « Faire parler » les images ou faire parler à partir d’elles est aussi devenu une pratique courante dans les enquêtes en sciences sociales qui mérite que l’on s’y attarde. Ce colloque veut interroger de manière croisée la mobilisation de photographies et leurs mises en récit, afin de réfléchir aux manières dont elles peuvent s’enrichir mutuellement. Nous voudrions dans ce colloque faire dialoguer actrices et acteurs issus du monde académique mais aussi de la littérature, du documentaire, du journalisme, de l’art contemporain… La mise en récit est envisagée ici de manière plurielle. Elle peut être verbale, à travers des mots dits à l’occasion d’une interview, d’un enregistrement, d’une discussion. Elle peut être écrite, en plaçant les photographies dans des dispositifs iconotextuels plus large : une photographie collée et commentée dans une correspondance épistolaire, des mots griffonnés, une description accompagnant une carte postale. Elle peut encore être visuelle à travers des collages, des assemblages ou des photomontages dans des journaux intimes, des albums photographiques ou sur les murs d’une pièce qui, eux aussi, racontent des histoires. Si un certain nombre d’outils théoriques ont déjà été forgés pour penser la rencontre et/ou les liens étroits entre photographie et mise en récit, ils s’inscrivent généralement dans des champs disciplinaires spécifiques comme l’histoire orale, l’ethnographie ou l’anthropologie visuelle. À l’occasion de ce colloque, nous souhaitons interroger les manières dont chacun·e, au prisme de son positionnement disciplinaire, se saisit simultanément de l’image et du témoignage. L’intention est de comparer les pratiques, les confronter, les faire dialoguer afin de réfléchir et de s’inspirer de la variété des manières de documenter les photographies, de les mettre en récit, de les donner à lire, à voir ou à entendre. Car si ce geste méthodologique s’impose souvent comme une évidence au cours des enquêtes, il n’en demeure pas moins un certain nombre de questionnements épistémologiques et de difficultés concrètes. Dans certaines circonstances, et moyennant la mise en place d’un dispositif spécifique, les photographies permettent aux témoins de rejouer et de (re)penser des éléments (événements, personnes, situations ou gestes) oubliés ou de les envisager d’un œil nouveau. Les allers-retours entre photographies et récits peuvent participer à l’élucidation – « photo elicitation » – des objets photographiques eux-mêmes, souvent dénués de tout élément de contextualisation. Ces méthodes peuvent provoquer chez la personne interviewée des réactions verbales et émotionnelles dont la recherche peut se saisir. Dans le cadre de ce colloque, nous invitons les participant·es à revenir sur des enquêtes concrètes tout en explicitant leurs manières de travailler. Il s’agit de confronter les méthodes et habitudes de chaque discipline et de penser les manières dont elles se répondent ou se distinguent. Dans quelles circonstances est-on amené à mêler photographies et récits ? Comment associe-t-on les mots et les images dans le cadre de ses recherches et de ses investigations ? Comment fait-on parler les photographies ? Comment les narrations, qu’elles soient dites ou écrites, se construisent-elles en s’appuyant sur la photographie ? Comment parle-t-on (à partir) des photographies, quand on les raconte pour soi-même ou pour quelqu’un d’autre ? Comment fabrique-t-on de nouveaux récits en intégrant récits et images ? Comment la signification des images fluctue-t-elle à la lueur des récits ? Comment, par ces mêmes récits, les images se trouvent-elles être consolidées ou déstabilisées ? 

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Ce colloque explorera notamment : 

• les pratiques épistolaires incluant des photographies, des cartes postales... 

• les journaux intimes et carnets mobilisant des images, albums de photos... 

• les récits construits à partir de photographies (romans-photos, scrapbooks...) 

• les enquêtes de terrain recourant aux photographies (ethnographie, sociologie, anthropologie...) 

• les enquêtes d’histoire orale mobilisant des photographies 

• les questions épistémologiques et éthiques dans la construction des récits, tant du point de vue éditorial que du point de vue historique.

 Nous invitons anthropologues, historien·nes, artistes, documentaristes, écrivain·es, etc. dont la pratique s’inscrit dans la mise en dialogue entre photographies et récits à nous faire parvenir une proposition de communication en français ou en anglais (2000 signes maximum et un titre) pour le 30 juin 2022 à l’adresse suivante : 

images.invisu@inha.fr 

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Les réponses vous seront communiquées par mail dans le courant du mois de juillet. Ce colloque de deux jours, organisé par InVisu (INHA/CNRS), se tiendra les 6 et 7 octobre 2022 à l’Institut National d’Histoire de l’Art (INHA), Paris 2e , France. Organisation : Manuel Charpy (INVISU, CNRS/INHA) Alexandra de Heering (UNamur, Belgique) Ece Zerman (INVISU, CNRS/INHA)