mercredi 24 février 2021

Au fur et amusé

 

Quand elles sont entrées dans le champ de ma vision, il y avait quelque chose de singulièrement altier et féminin dans leur façon de se mouvoir. Elles me semblaient portées par l’air brûlant du Sirocco qui circulait comme au ralenti autour d’elles tout en s’insinuant sous la djellaba ou la longue robe pour les caresser de l’intérieur. Une sensation que les porteurs de pantalons serrés ne peuvent pas éprouver. La femme qui longe au plus près le mur marchait en maintenant son avant-bras et sa main dressés à hauteur de son épaule droite. Son geste ressemblait à un serpent cobra qui se cabre pour avertir de sa présence.

Dans le viseur, à l’instant de la prise de vue, j’avoue que je n’avais pas saisi les motifs du henné et sa coloration carmin sur le dos de sa main. C’est a posteriori, une fois l’image agrandie sur l’écran de l’ordinateur que j’ai émis la probabilité selon laquelle le tatouage au henné venait d’être fraîchement appliqué. Ce qui expliquerait la posture de son avant-bras relevé.

Sur la même longueur d’onde, par une sorte de mimétisme, d’entente tacite ou de rime visuelle, la seconde femme évoluait en relevant également son avant-bras. Dans un mouvement de va-et-vient, son pouce et son index activaient son foulard comme un éventail : un appel d’air frais en cette après-midi caniculaire.

******************************

Photographie P1770083: Fès ville nouvelle, le 23 août 2020.