Mine de rien
marelle ou minaret.
Pour atteindre le cielEspace dédié aux arts visuels en général et à la photographie en particulier. Sauf mention contraire, toutes les photographies sont de Thami Benkirane.
Mine de rien
marelle ou minaret.
Pour atteindre le cielCe n'est pas le moment
de remuer le coup tôt
dans le plaisir
photographique
*
Photographie P1850084 : Fès ville nouvelle, le samedi 31 octobre 2020.
"Si le corps est droit, il n'importe que l'ombre soit tordue."
Dans la précipitation
prenant
les devants
mon ombre à contre-sens
En roues libres
mon ombre
tous terrains
*
Photographie : Fès ville nouvelle, le 8 mars 2024.
Voici la liste des photographes de la sélection 2024 pour la quinzième édition du festival Photos dans Lerpt :
Université sidi Mohammed Ben Abdellah
Faculté des lettres et des sciences humaines - Sais-Fès
Mon ombre
narre ma nuit
En plein jour
*
Photographie : Fès ville nouvelle, le 27 février 2024.
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Selon Sartre, le livre est un « ensemble de feuilles sèches ou alors une grande forme en mouvement : la lecture ».
Un livre fermé et
placé dans les rayons d’une bibliothèque est une pièce close, verrouillée et
obscure. Tout comme la chambre noire d’un appareil photo hermétiquement étanche
à la lumière.
Cette série
photographique librement intitulée « L’ivre
lumière du livre » résulte d’un travail expérimental qui s’inscrit
dans la mouvance des pratiques qui relèvent du « livre
d’artiste ».
Dans les
expérimentations artistiques qui se fondent sur le livre, le contenu du livre,
le texte ou son message sont mis entre parenthèses. Le livre devient un
objet-tremplin vers la créativité. Selon Michel Melot (1984) : « Le livre-objet bouscule les barrières et
cherche un langage nouveau à la fois objet, poème et spectacle confondus dans
la forme totalisante- et souvent surprenante- d’un livre ».
Les réalisations qui
consistent à détourner le livre de sa fonction première en font un
objet-exutoire, un matériau-prétexte
pour être façonné autrement.
Pour moi, une fois
ouvert, un livre est une lanterne qui illumine mes cheminements intérieurs.
J’ai donc choisi d’ouvrir la chambre noire de mon appareil photo à cette
lumière émanant d’un livre. Toutes ces
photographies donnent à voir un livre entrouvert en éventail pour induire un
courant d’art ou accueillant comme une porte-fenêtre en double vantail donnant
largement sur l’étendue rêveuse d’un paysage.
Le programme des rencontres photographiques dans Lerpt est fixé. Ma participation (en tant que photographe invité) consiste en une exposition à partir du corpus "Moroccan Graffiti" et en une conférence intitulée : « Entretissages, photos-poèmes-textiles ».
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Baha’
se déchaîne :
-Tu
aurais pu être riche toi aussi, mais tu
préfères tes masturbations stériles qui ne rapportent rien et ne mènent nulle
part ; tu préfères rêvasser sur tes feuilles et tes toiles de pacotille !
Regarde-toi, on dirait un vieux malade ; un débile ! Et d’ailleurs,
tu ferais mieux de quitter ce métier de merde et de misère ! Enseigner l’art,
enseigner l’art, mais à qui ? À des mômes qui vivent dans la misère ?!
Des mômes qui attendent la première occasion pour sauter dans la première patera, le premier camion, et avec un peu de chance, prendre le premier vol pour
quitter ce pays ?! Tu rêves monsieur l’artiste, tu n’es qu’un rêveur.
*
Extrait
d’Abderrahim Kamal, Naufrages dans le désert, éditions Marsam, 2023, page 46.
*
Photographie _2160212 : médina de Fès, le 16 février 2024.
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Zoom avant; regarde : cosmos, ville, arbre. Va plus loin, toujours plus loin! Ainsi peut-on avancer, voyageant à travers les images que l'on voit et qui dansent dans l'infini! Lorsque tu approches la goutte de pluie, la foule, l'écorce de l'arbre, le nuage, c'est une énigme souriante qui vient à ta rencontre. Les formes semblent se répéter alors qu'elles sont en mutation. Tu les vois changer, pourtant elles se répètent. Il n'existe aucun point d'observation simple, unique. De près ou de loin, c'est la même chose qui se révèle. Tu es entrée dans le labyrinthe du réel.
Va plus loin, toujours plus loin! La fractalité apparaît encore et encore, univers en soi et pour soi. Les images se multiplient, prolifèrent, dansent, bougent. Tu entres dans un spectacle de l'infini qui se déplie et se replie, un schéma qui se recrée et se reproduit.
Autopsie
d’un monde riant
frappé d’achromatopsie
*
Photographie P2760306 : médina de Fès, le 31 janvier 2024.
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Il marchait de guingois
d'un pas lourd
accusant son âge
*
Photographie P2760247 : Fès ville nouvelle, le 27 janvier 2024.
¹ Altère ego avec entorse volontaire à l'orthographe latine.
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Fil à plomb
de la lumière,
sillon vertical du silence
*
Photographie : Fès ville nouvelle, le 1 février
2024.
Ce sosie trouve un malin
plaisir à me devancer
à me semer dans une artère
où je ne passe pas
à filer comme un anonyme
né sous X
*
Photographie P2760236 : Fès ville nouvelle, le samedi
27
janvier 2024.
Et c'est ainsi
qu'une toile d'artPas besoin de trépigner.
L'homme est un bipède
n'hésitant point à faire trépied
*
Photographie P2760217 : Fès ville
nouvelle, le 27 janvier 2024.
N'y va pas
freine des quatre enfers
ça gèle là-bas
*
Photographie P2690837 : Fès ville nouvelle, le 26 janvier 2023.
Il y a
des instemps pleins
comme un ballon
bien rond
*
Photographie _1230190 : médina de Fès, le mardi 23 janvier 2024.Mon ombre,
Sur le ton d'une claque :
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Souvent,
une djellabaEt voir
Il faisait un gris uniforme.
Quand soudain comme un cadeau du ciel,
une éclatante éclaircie
réanima mon ombre
qui me lança sur un ton de surprise:
"Tiens! toi, ici?!"
*
Photographie : Albi, département du Tarn, le 24
août 2023.
"(...) tout cosmos porte en lui le germe du
chaos et réciproquement. James Joyce a ressenti le besoin d'exprimer ces deux
phénomènes en les reliant sous un même vocable, chaosmos, qui fut tacitement
repris par le philosophe Gilles Deleuze pour donner sa propre définition du
concept: "Identité interne du monde et du chaos".
(...) Le chaos continue à travailler au sein du
cosmos. Ils sont contemporains l'un de l'autre, et aussi inséparables que
l'ombre et la lumière. Ce couple création-destruction est le moteur de
l'activité artistique. Il libère, régénère, féconde de nouveaux territoires.
L'invention plastique se nourrit de ce mouvement qui est tout puissant. Le même
principe agit sur nos vies humaines"
Extraits de : Richard Texier, Nager, Gallimard,
2015, pages 186 et 188.
*
Je ne veux pas manquer ici d'introduire dans la
mécanique quantique de ce mot-valise mon propre petit grain de sel ou de sable
en l'enrichissant du petit rien d'un " e caduc" ou d'un "e
muet": chaosmose.
Les phonéticiens désignent ce "e" par le
terme "schwa" originaire de l'hébreu moderne שווא
et qui signifie "vide" ou "néant". Dans la pratique de la
langue, dans la réalité du discours, ce segment vocalique est ultra-bref et sa
durée moyenne n'excède pas quelques millisecondes. Souvent, dans les paroles
prononcées, on ne sait pas s'il est là ou non. D'aucuns lui attribuent la
simple fonction de "lubrifiant phonique" qui sert à faciliter la
prononciation d'un agglomérat consonantique.
Par l'adjonction de cette minuscule particule
"e" au chaosmos, j'apporte au chaos et au cosmos une synergie: celle
d'une fusion, d'une osmose.
*
Photographie: P1330571, Fès ville nouvelle, le 7 janvier 2020.
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« Lorsque nous nous félicitons du succès de la photographie dans l’art actuel, il faudrait préciser de quel « art » il s’agit. Car le mot est ambigu. Arts et Métiers désigne une école d’ingénieurs, on parle de « l’art de la cuisine », de l’art de faire ceci ou cela. Le résidu commun à tous ces emplois du mot serait une notion de savoir-faire, et cela même mérite notre attention. Mais chacun comprend que l’art dont je parle ici est celui de Phidias, de Poussin, de Goya, de Matisse, celui de Chartres comme celui des masques africains. À travers cette prodigieuse diversité il y a là un concept clair, avec un contenu et ses limites.
Or, j’ouvre mon journal (Libération, 14 septembre 2005) et j’y trouve le
compte-rendu de la Huitième biennale d’art contemporain de Lyon. Il s’agit
d’attractions foraines, comme de ces labyrinthes où les visiteurs sont soumis à
des épreuves plus ou moins amusantes ou effrayantes, afin de les distraire.
Rien que de sympathique. Ces présentations jouent leur rôle, elles ont leur
place dans notre vie.
L’art qui m’intéresse n’y joue aucun rôle. Il est parallèle, étranger, à tout
ce qui est social, il ne saurait y être intégré. Notre société est en train de
passer du dressage à l’élevage, l’art qui s’en fait complice, par divers formes
d’assouvissement, ne m’intéresse pas. Je suis en quête de la photographie qui
s’interroge sur elle-même, et qui, comme tout art, remet en question son
rapport au réel. »
*
Extrait de : Jean-Claude Lemagny, Silence de la photographie, présentation
Steven Bernas, éditions L’Harmattan, collection Champs visuels, 2013, page
29-30.
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Photographie P1420582 (extraite du corpus "Bréviaire Blanc des Maures") : Fès ville nouvelle, le mardi 25 février 2020.