Quand elles sont entrées dans le
champ de ma vision, il y avait quelque chose de singulièrement altier et
féminin dans leur façon de se mouvoir. Elles me semblaient portées par l’air
brûlant du Sirocco qui circulait comme au ralenti autour d’elles tout en
s’insinuant sous la djellaba ou la longue robe pour les caresser de
l’intérieur. Une sensation que les porteurs de pantalons serrés ne peuvent pas
éprouver. La femme qui longe au plus près le mur marchait en maintenant son
avant-bras et sa main dressés à hauteur de son épaule droite. Son geste
ressemblait à un serpent cobra qui se cabre pour avertir de sa présence.
Dans le viseur, à l’instant de la
prise de vue, j’avoue que je n’avais pas saisi les motifs du henné et sa
coloration carmin sur le dos de sa main. C’est a posteriori, une fois l’image
agrandie sur l’écran de l’ordinateur que j’ai émis la probabilité selon
laquelle le tatouage au henné venait d’être fraîchement appliqué. Ce qui
expliquerait la posture de son avant-bras relevé.
Sur la même longueur d’onde, par une
sorte de mimétisme, d’entente tacite ou de rime visuelle, la seconde femme
évoluait en relevant également son avant-bras. Dans un mouvement de
va-et-vient, son pouce et son index activaient son foulard comme un éventail :
un appel d’air frais en cette après-midi caniculaire.
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Photographie P1770083: Fès ville nouvelle, le