Le Centre National Pour la Recherche Scientifique et Technique
L'Université Ibn Tofail, la Faculté des lettres et des arts de Kénitra
Le Laboratoire Littérature, Arts et Ingénierie pédagogique
Équipe : Genre, Écritures, Représentations et Intermédialité
*
Le 28 mai 2022, organisation d'une journée d'études qui sera consacrée à la caricature.
Argumentaire :
« Art du simultané »[1], la
caricature frappe au premier regard ; elle livre tout ou presque par quelques traits et sans détails superflus. Son apparente
simplicité ne peut toutefois être appréhendée par une lecture cursive puisque
ses signes plastiques tout comme sa charge culturelle et discursive demandent à
être décortiqués méthodiquement.
Comme signe visuel, elle fond sa
signification substantiellement
par les couleurs, la texture, la composition, la forme, le tracé… Elle est
l’œuvre d’un artiste qui, moyennant une abstraction minimale, reproduit ses
objets par des techniques différentes : le collage, l’emprunt, l’allusion,
le grossissement, la réduction, la déformation ou l’accentuation. Ces
techniques agissent singulièrement en contrepoint avec l’exigence d’un effet de
similitude avec le réel, du moins par l’établissement d’un système d’équivalences
que le public recherche généralement. C’est dire qu’entre l’image travestie et
la restitution précise, le caricaturiste parvient à créer l’ambiguïté qui
permet l’adhésion du spectateur. C’est dire aussi que le rire est affaire de
complicité car reposant essentiellement sur des signes conventionnels et
surtout contextuels. L’image caricaturale ne peut à partir de là prendre forme
que dans l’urgence du geste créateur, stimulé par l’actualité sociale et
politique et amené à inventer son discours, ses modèles, ses symboles et ses
allégories. Mais cette actualité qui sert la caricature peut également la
condamner car elle voue cet art conjoncturel à l’éphémère. Rares sont en
effet les dessins qui ont acquis une vie pérenne.
En tant que discours, la
caricature emprunte à la tradition satirique sa facture première ; elle déclenche
le rire en raillant et dénonçant les situations ou les comportements d’une
personne ou d’un groupe social. Elle déforme les portraits et exhibe les
caractères des personnes publiques. Elle provoque aux dires de Bergson
« un rire collectif ». Le fait qu’elle soit aussi l’œuvre d’un
journaliste attentif à la réalité ne l’éloigne pas de l’engrenage du témoignage
et de la critique sociale. Elle dit des vérités, laisse voir des contradictions.
En un mot, elle met à nu les acteurs et les intentions. Le journaliste-artiste
formule ici un discours subjectif, l’expression d’un point de vue, une
interprétation de faits et un commentaire qui invitent le lecteur à porter un
regard différent sur l’actualité et à se faire son propre jugement. Le rire
dans ce cas n’est que l’accroche moyennant quoi des positions peuvent être
prises et des débats engagés.
L’aspect condensé et synthétique de la
caricature est ce qui lui a permis, nous semble-t-il, d’occuper rapidement et
au grand bonheur des dessinateurs les plates-formes des réseaux sociaux. Ce
changement de support éditorial n’est pas tant dû au vœu d’une diffusion plus
large et moins censurée qu’à l’adaptabilité facile de l’image caricaturale aux
modes de diffusion et d’influence interactifs que sont les médias modernes.
Elle s’insère ici avec beaucoup plus de fluidité au risque même d’être
dé-contextualisée et re-sémantisée par des réemplois déviés de l’intention de
leur dessinateur.
Les contributions de cette journée peuvent aborder les axes
suivants :
1-
La caricature et iconicité
2-
Les signes plastiques de l’image caricaturale
3-
La caricature et discours
4-
Caricature et engagement artistique
5-
La caricature durant les crises sociales et
politiques
6-
La caricature et supports médiatiques
Les
propositions de communication (titre + résumé de 10 lignes au maximum) doivent
être envoyées avec une courte biographie à l’adresse suivante : abdellah.romli@uit.ac.ma