lundi 15 juin 2020

Driss Chraïbi: Une écriture libertaire

Je viens de recevoir l'annonce de la sortie du numéro 37 de la revue Interculturel Francophonie, juin-juillet 2020.
Ma participation à ce numéro est intitulée « La troisième articulation du texte dans les romans policiers de Driss Chraïbi ». 
Étant un spécialiste de phonétique expérimentale, ma contribution se fonde sur le versant prosodique et mélodique du langage pour montrer qu’il existe un fleuve oral souterrain qui court, irrigue, anime et dynamise la parole écrite et surtout l'humour de l'auteur dans ses romans policiers...
Cette étude avait déjà fait l'objet d'une communication au colloque international qui avait eu lieu en 2017 à Casablanca. Je l'avais terminée ainsi :
"Durant notre investigation, nous avons eu la nette impression d’être un lecteur doublé d’un chasseur de son et d’un pêcheur de ton. Nous avons passé le corpus au peigne fin afin de relever tout ce qui touche de loin ou de près à la dimension orale du texte écrit. Il y a tout ce qui relève du mélange des codes (code-switching) et qui réside dans l’intrusion par effraction de la langue maternelle dans le français. Il y a les interférences phonétiques, les pauses lourdes de signification, les variations du débit, les ralentissements et les accélérations du rythme des échanges verbaux, le riche bestiaire vocal convoqué pour qualifier la voix des interlocuteurs, les insultes, les salamalecs,etc.
Avec le recul, je sais pourquoi je suis devenu phonéticien et pourquoi mon nom propre rime avec âne.
Avec Driss Chraïbi, je sais pourquoi la cuisine me parle:
« Il dit d’une voix diplomatique, entre miel et vinaigre, entre cannelle et gingembre, avec un soupçon de cantharide pour corser son propos :-Oh ! bonjour monsieur le Préfet. Mes respects, Excellence. »