jeudi 26 mai 2011

Publication

L'université Moulay Ismaïl et la faculté des lettres et des sciences humaines de Meknès viennent de publier le numéro 26 de la série Actes de colloques. Cette publication de 77 pages rend compte du colloque organisé par le Groupe de Recherche Art et Littérature en juin 2009 et qui a été consacré à Thami Benkirane en tant que photographe.
Je me permets de vous donner en lecture l'avant-propos signé Mohamed Lehdahda:



Cliquez sur l'image pour la voir en grand

"Le collectif Thami Benkirane photographe reprend quelques-unes des communications du colloque que le Groupe de Recherche Art et Littérature (G.R.A.L.) a consacré à l’artiste photographe. A l’origine, ce colloque s’est fait autour de L’Atelier Benkirane pour réfléchir sur les différents aspects de la pratique photographique de l’artiste. Le constat qui a été fait dès le départ est que sa photographie n’est qu’un fragment, un aspect, auquel il faut associer le discours — théorique et didactique — de sa pratique photographique, sans oublier les réflexions, choix de texte, morceaux de musiques qui accompagnent les photos dans ses blogs.

Tous ceux qui connaissent Benkirane savent qu’il ne se définit pas comme un photographe professionnel ; son activité est, dit-il, « une expérimentation créative ». « Paysagiste du banal », sa photographie tisse avec une spontanéité maitrisée des liens avec tout ce qui a trait à la marge et au fragile ; elle creuse l’aura silencieuse des choses et capte l’instantané de l’éphémère ; elle est greffe d’images et du texte : l’hybridité enchanteresse du verbe, du monde sensible et de ses silences… C’est un travail de créativité qui libère le regard et où il faut être attentif au (x) (en)jeu(x) d’une création soutenue dans le temps. Dans son Atelier, nous sommes appelés à épouser le regard découvreur du photographe qui, s’appuyant sur un double objectif, pédagogique et esthétique, rend accessible les liens que les images tissent entre elles, échos qu’elles amplifient en se greffant aux textes littéraires, aux discours philosophiques, aux morceaux musicaux, aux recettes culinaires…

A l’inverse d’un collectif fait d’assemblage de textes divers, ce livre est né d’une véritable entreprise commune, stimulée par le don et la reconnaissance d’une dette d’amitié. C’est ainsi que l’exploration de l’Atelier de Thami Benkirane dans ses différentes ramifications nous a conduit à adopter un regard attentif à la diversité inhérente à sa pratique artistique.

Dans son article Bernoussi Saltani se souvient de ses rencontres avec T.B., début d’une amitié consolidée par le temps et le travail. En plus des détails sur les liens privés qui les unissent, il nous décrit l’unité d’une démarche intellectuelle qui fait lien entre motifs biographiques, formation académique et passion photographique. Chez T.B. la photographie se fait, dit-il, « jeux où le naturel dicte sa loi de jeu au technique ».

Ce dernier aspect est perçu par Abderrahim Kamal comme une caractéristique relevant d’une démarche expérimentale postmoderne. Saisie dans son aspect chronologique, elle est présentée comme une poétique et une esthétique de la répétition. Le travail de Benkirane se veut un exercice de révélation de l’invisible, une ouverture vers l’inconnu ; une manière de « cultiver le doute et la déroute ». « Photographie des marges », elle est regard sur l’éphémère, le fragile, l’hybride et le banal ; sur le peu de sens qui reste dans ce monde.

D’accord sur l’aspect expérimental de l’Atelier Benkirane, Abdelkrim Chiguer aborde cette composition comme une « tension entre voir, écrire, lire et toucher ». Il y analyse une mosaïque consolidée par une « logique éminemment tactile et visuelle ». Attentif aux jeux de mots et d’images, il relève dans les récits photographiques des caractéristiques faites de continu et de discontinu, de l’hybride et de la greffe et d’un langage subtil qui « creuse la surface photographique en profondeur ».

Se saisissant de l’aspect « récit photographique », Mohamed lehdahda consacre son étude à deux séries « globes du silence » et « Alphabet du silence ».Son attention se porte sur l’examen du silence qui entoure cette composition. A la base de chaque série il y a une intention fondée sur l’unité d’une démarche intellectuelle et une recherche esthétique. Invitation à libérer le regard, l’Atelier Benkirane anticipe ce que pourraient lire ou dire les yeux du regardeur.

Cette anticipation est inscrite dans le choix de textes que T.B. nous livre dans l’Abécédaire. Il nous ouvre, ainsi grande ouvertes, les portes de son Atelier : guide précieux pour comprendre sa démarche, ses choix esthétiques, ses techniques photographiques… En égrainant les entrées de son texte, l’œil cultive le regard et découvre les liens qui se nouent entre les textes et les images. Greffe heureuse qui nous met en face d’une composition qui se veut : poésie de lumière.

Enfin, le texte de Benyounès Amirouch essaie d’interroger l’esthétique du graffiti chez Thami Benkirane en la rattachant à ses racines dans le Pop’Art et l’abstraction. Il soumet à l’analyse la technique de la surimpression et les sens de la « troisième image » qui en résultent. Cette troisième image articule, selon lui, visible et invisible, sens et non-sens. Amirouche tente également de comprendre la pratique du Net’Art telle qu’elle se manifeste dans les blogs de l’artiste.

Nous espérons, par cette publication, contribuer à la recherche universitaire dans un champ, celui de la photographie au Maroc, qui, comparativement aux autres arts visuels, reste peu exploré et ses artistes peu étudiés."


mercredi 25 mai 2011

Sacré dans la cité

Cette exposition qui coïncide à Fès avec la 17 ème édition du festival des musiques sacrées du monde se fonde sur le croisement de deux regards: celui d'Albert Huber, photographe professionnel de Strasbourg qui est venu dans la cité idrisside pour traquer les traces du sacré et celui de Thami Benkirane, photographe fassi, qui a fait de même en se déplaçant à Strasbourg.

LienCliquez sur l'image pour la voir en grand

Cette double exposition sera visible dans la cité alsacienne en août et en novembre 2011. Voir plus de détails ici.
Mais si d'aventure, vous vous trouvez d'ici le 12 juin 2011 au Chili, vous pouvez allez voir l'exposition de photographes marocains en cliquant ici

vendredi 6 mai 2011

Le jeu des sept erreurs

A la faveur du premier mai 2011, la confédération démocratique du travail (CDT) a sorti une affiche qui s'inspire de toute évidence du célèbre tableau de Delacroix : "La liberté guidant le peuple" (voir analyse proposée ici même dans le billet précédent). A regarder cette affiche syndicale de plus près, on est tenté de lui attribuer le titre suivant : "La pudeur bridant le peuple"...