"(...) tout cosmos porte en lui le germe du
chaos et réciproquement. James Joyce a ressenti le besoin d'exprimer ces deux
phénomènes en les reliant sous un même vocable, chaosmos, qui fut tacitement
repris par le philosophe Gilles Deleuze pour donner sa propre définition du
concept: "Identité interne du monde et du chaos".
(...) Le chaos continue à travailler au sein du
cosmos. Ils sont contemporains l'un de l'autre, et aussi inséparables que
l'ombre et la lumière. Ce couple création-destruction est le moteur de
l'activité artistique. Il libère, régénère, féconde de nouveaux territoires.
L'invention plastique se nourrit de ce mouvement qui est tout puissant. Le même
principe agit sur nos vies humaines"
Extraits de : Richard Texier, Nager, Gallimard,
2015, pages 186 et 188.
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Je ne veux pas manquer ici d'introduire dans la
mécanique quantique de ce mot-valise mon propre petit grain de sel ou de sable
en l'enrichissant du petit rien d'un " e caduc" ou d'un "e
muet": chaosmose.
Les phonéticiens désignent ce "e" par le
terme "schwa" originaire de l'hébreu moderne שווא
et qui signifie "vide" ou "néant". Dans la pratique de la
langue, dans la réalité du discours, ce segment vocalique est ultra-bref et sa
durée moyenne n'excède pas quelques millisecondes. Souvent, dans les paroles
prononcées, on ne sait pas s'il est là ou non. D'aucuns lui attribuent la
simple fonction de "lubrifiant phonique" qui sert à faciliter la
prononciation d'un agglomérat consonantique.
Par l'adjonction de cette minuscule particule
"e" au chaosmos, j'apporte au chaos et au cosmos une synergie: celle
d'une fusion, d'une osmose.
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Photographie: P1330571, Fès ville nouvelle, le 7 janvier 2020.
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