mardi 25 novembre 2025

Drapeau rouge
Baignade strictement interdite.
On ne badine pas avec la mort.
À moins qu'il ne s'agisse que d'une invite à monter au septième ciel !
*
Photographie : Fès ville nouvelle, le mardi 18 novembre 2025.


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Zelliges et rémiges

« Qu’est-ce que nous réfractons ?
Les ailes que nous n’avons pas », cet aphorisme de René Char (Le nu perdu, Poésie Gallimard, 1978, page 134) sous-tend mon propos qui porte sur une photographie réalisée dans un palais de la médina.
J’étais face à un large pan de mur entièrement couvert par des zelliges monochromes qui font alterner de façon rigoureuse le même motif décliné en noir et en blanc. Chaque petit morceau de céramique émaillée considéré isolément révèle une combinaison géométrique de trois losanges. Et par les trois pointes de ses angles, il ne manque pas d’évoquer les profils porteurs d’un boomerang.
Je me suis amusé à fixer des yeux ces zelliges tout en cillant et c’est ainsi que j’ai eu l’impression d’entrevoir une nuée d’oiseaux en train de battre des ailes ! De la sorte, ce mur de zelliges s’est mué en un captivant ballet aérien ! Les anglais ont un joli mot pour désigner ces chorégraphies volatiles qui animent le ciel : « murmuration » !
Cet effet optique n’a pas manqué d’évoquer les travaux de l’artiste néerlandais Maurits Cornelis Escher dont les réalisations puisent dans un fond d’influences multiples.
On sait, entre autres, qu’il a été impressionné par sa visite en Espagne de l’Alhambra et en particulier par les motifs emboités et les détails décoratifs complexes qui ornent ses murs.

Tout récemment, j’ai tenté, en observant le passage d’oiseaux sauvages, de reproduire cette illusion optique engendrée par ce mur de zelliges. Ces derniers demeurent avant tout un produit de la culture puisqu’ils sont agencés et fixés par la main de l’homme. Les battements d’ailes n’ont pas cette rigueur contenue et toute géométrique des zelliges. Au bout des rémiges, la liberté ! 



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mardi 11 novembre 2025

Jardins de Méditerranée

À partir du 12 novembre 2025, l'exposition collective "Jardins de Méditerranée" donnera à voir les œuvres des 29 artistes suivants :

Pascal BASTIEN, Myrtille BÉAL, Thami Benkirane, Jean-Marc BIRY, Marie-Odile BIRY FETIQUE, Hamideddine BOUALI, Biliana BOYKOVA, Philippe COLIGNON, Louis DANICHER, Benoît DECQUE, Gilbert DE MURCIA, Dorothée DUNTZE, Alain ESCHENLAUER, Les FEMELLES DU FAISANT, Christine FUCHS, Emmanuel GEORGES, Christian HEINRICH, Jean-Louis HESS, Yannick LUZUAKI, Mélodie MESLET TOURNEUX, Méchri MILOUD, Stéphanie MONNIER GALLONI, Lisa PELISSON, Pascal POIROT, Frédérique RICH, Pierre RICH, Marion SAUTTER.
Kamel LOUAFI est l'invité d'honneur de cette manifestation qui aura lieu au Syndicat Potentiel, 109 avenue de Colmar à Strasbourg (67100).
La photo ci-dessous est représentative de ma série "Transfiguration" réalisée à la faveur de mon passage en septembre dernier dans le parc botanique du Mugel à Hyères en France.
Visible du 12 novembre au 6 décembre 2025, cette exposition est organisée par "Rue Méditerranée":
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Poudreuse

La neige peut survenir

mais c'est uniquement

dans les paysages poudreux
de mes souvenirs.
*
Photographie : Fès ville nouvelle, le dimanche 9 novembre 2025 à 14:56.

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Allez les jeunes!

En débouchant sur cette artère, un joyeux chahut avait dressé les cellules ciliées de mon oreille interne! J'avais bien relevé la présence de l'eau qui débordait de la rue latérale et comme un sourcier soucieux de traquer l'élément liquide dans ses ultimes retranchements, j'avais bifurqué, tous les sens en alerte, mon objectif faisant office de baguette de radiesthésiste...
*

Photographies _A160775 et suivantes : Essaouira, le 16 octobre 2022. 


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mercredi 29 octobre 2025

Alphabet latin

Une seule djellaba

ne fait pas le quartier

latin.
*
Photographie : Fès ville nouvelle, le mardi 28 octobre 2025.
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dimanche 19 octobre 2025

La résistance du Zalagh

Le mont Zalagh (زلاغ) domine la ville de Fès. Ce toponyme d'origine berbère "azlagh" signifie « Bouc sauvage ».

Même si phonétiquement parlant, Zalagh [zalaR] rime plutôt bien avec art, mes propositions photographiques n'ont pas constamment été réalisées avec un alibi artistique. Au-delà du clin d’œil à Hokusai (Trente six vue du mont Fuji) et à Cézanne chantre pictural de la montagne provençale Sainte-Victoire, mes photographies donneront souvent à voir une montagne saisie depuis un point de vue urbain. Il en a toujours été ainsi pour moi: depuis que j'ai ouvert mes yeux sur le paysage propre à la médina, Zalagh a immuablement fait partie prenante du décor. C'est en montant sur une terrasse ou en franchissant les remparts de la médina que l'on tutoie visuellement les premiers contreforts de la chaîne montagneuse du Rif. Avec Zalagh, un fassi ne perd jamais le Nord.
Tout récemment, en ville nouvelle, un jardin aménagé sur l'ancien hippodrome a été ouvert au public. C'est une bonne chose. Vitale même. Bien sûr, il faut se taper le béton qui pousse comme de la mauvaise herbe! Regardez cet immeuble de plusieurs étages qui vient narguer la ligne de crête du Zalagh...Va falloir que je trouve le moyen de me hisser sur sa terrasse pour qu'enfin je puisse dire à la manière d'un Li-Po :
«Nous sommes assis ensemble,
La montagne et moi,
Jusqu'à ce que, seule, la montagne demeure.»

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vendredi 17 octobre 2025

Mise en abyme et ritournelle

 Cela vaut-il la peine

de monter aux créneaux,

juste pour deux dents de sagesse?

Durant la prise de vue,
des enfants sans aucune dent de lait passaient dans un transport scolaire
en croquant à l'envi une vieille ritournelle :
زِيدْ زِيدْ يَا شِفُورْ
زِيدْ نْغِيزَ فَلْمُطُورْ
*
Photographie : Fès ville nouvelle, le vendredi 17 octobre 2025 à 15:38.


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jeudi 16 octobre 2025

Exposition Jardins de Méditerranée

 Jardins de Méditerranée :



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« Les vrais paradis sont les paradis qu’on a perdus » (Marcel Proust)

« Les nomades ne font pas de jardin », dit Gilles Clément. Le premier jardin est celui de l’homme  ayant choisi de faire cesser l’errance, de créer un enclos (jardin vient du germanique Garten, enclos) pour protéger son potager, le premier jardin est vivrier . En persan, cet enclos se dit pairidaeza (de pairi, autour et daeza, rempart) qui a donné paradis. En son centre jaillit l’eau, sans laquelle il n’est point de jardin.

Ce Paradis va nourrir, tout autour de la Méditerranée, nombre de mythologies et de récits fabuleux, l’épopée de Gilgamesh et son jardin Dilmun, et les jardins suspendus de Babylone, une des sept merveilles du monde.La Bible, bien sûr, et son jardin d’Eden, le Paradis terrestre dont Adam, fait de terre (humus : humain) et Eve sont chassés, lorsque Dieu et les humains ne peuvent plus cohabiter, comme le rappelle Thomas Römer dans ses cours du Collège de France.

Le Jardin des Hespérides, pour les Grecs, renferme les pommes d’or, cependant que les jardins d’Arcadie, patrie du dieu Pan, sont chantés par Théocrite, puis par Virgile (les Bucoliques) et Ovide (les Fastes). Cicéron écrit à Varon : « Si tu as une bibliothèque et un jardin, tu as tout ce qu’il te faut. »

Car le jardin est aussi le lieu où se déploie la pensée. Platon installe dans le jardin dédié à Akadémos son Académie (cf. Phèdre, 82sqq), Epicure et ses disciples jardinent en discourant sur le cosmos où toutes choses croissent et périssent.

Le mot paradeisos en grec apparaît pour la première fois chez Xénophon lorsqu’il décrit les jardins achéménides. La Perse, en effet, va populariser la conception du Chahar Bagh, le jardin divisé en quatre parties, irrigué par quatre canaux qui rappellent les quatre fleuves d’Eden. Ce modèle sera la base de tous les jardins en terre d’Islam. « Il les récompensera pour leur patience en leur donnant un jardin et des vêtements de soie », dit le Coran 76-12.

Tout autour de la Méditerranée vont fleurir des jardins où se réunissent les majalis (pluriel de majlis, assemblée de poètes). « Au-delà du bien et du mal, il y a un jardin » (Rûmî). Le bustân, verger planté d’arbres fruitiers, jouxte le Gulistân, la roseraie, dont celle d’Ispahan est chantée par Saadi (et par Leconte de Lisle, sur une musique de Gabriel Fauré). Maurice Béjart leur rendra hommage avec son ballet Golestan donné à Persépolis en 1973.

Toute cette histoire des jardins est liée à l’évolution des infrastructures hydrauliques : canaux, norias, shadouf, seguïa, qui alimentent fontaines et jets d’eaux, depuis les jardins d’Hadrien à Tivoli, la villa de Tibère à Capri, les jardins du Décaméron de Boccace, ceux de l’Alhambra de Grenade, de l’Alcazar de Séville, la mezquita de Cordoue, l’Agdal de Marrakech, jusqu’à inspirer les jardins des cloîtres médiévaux de l’Europe chrétienne, où se cultivent les simples et les plantes médicinales.

Avec le réchauffement de la planète se pose la question de l’aridité croissante. Nombre de chercheurs et de paysagistes se penchent sur des solutions et développent des « jardins d’aridité » en recherchant des espèces végétales plus adaptées aux nouvelles conditions climatiques.

Car le jardin est avant tout culture, dans tous les sens du terme (du latin colere, cultiver, veiller sur), et toutes les cultures s’échangent et communiquent. Le Jardin d’essai d’Alger (Al Hamma) acclimate les eucalyptus d’Australie avant de les exporter vers la Côte d’Azur (le jardin d’Albert Kahn). Les tulipes de Topkapi ont nourri des spéculations insensées dans les Pays-Bas du dix- septième siècle.

Partout fleurissent les jardins méditerranéens, le jardin de la villa Majorelle à Marrakech, le jardin exotique d’Eze, cher à Nietzsche, les Colombières à Menton, le jardin méditerranéen de Roquebrun ou le jardin antique de Balaruc-les-Bains dans l’Hérault. Et bien sûr le somptueux Parque Güell de Gaudi à Barcelone ! On ne saurait tous les citer.

« Le jardin, c’est la plus petite parcelle du monde, et puis c’est la totalité du monde. Les jardins, c’est depuis le fond de l’Antiquité, une sorte d’hétérotopie heureuse et universalisante. » (Michel Foucault, « des espaces autres », Dits et écrits, Gallimard, 2001.

*

Quelques lectures :

-Audurier-Cros Alix, «Les emprunts à l’art des jardins hispano-mauresques dans le

midi méditerranéen français,» in Horizons maghrébins, n°45, 2001

-Bonnefoy Yves, L’arrière pays, Skira

-Colin Frank, « Poétique de l’Arcadie, de Virgile à Bonnefoy », Bulletin de l’Association Guillaume

Budé, n°2, 2006

-Diodore de Sicile, L’Histoire, livre II

-Ducrocq Anne, Jardins spirituels, Gründ Presses de la Renaissance, 2018

-Gilles, Une brève histoire des jardins, éditions du 81, Paris 2020

-Harrison Robert, Jardins, une histoire buissonnière, Champs Essais Flammarion 2022

-Gillot Gaëlle, Du paradis à Dream Park, les jardins dans le monde arabe, Damas, Le Caire, Rabat,

Annales de Géographie, 2006

-Ibn Zarak, Poème de la Cour des Lions

-Katan Karim, Hortus conclusus,l’extrème contemporain, 2025

-Lebart Luce, Natures vivantes, Images et jardins d’Albert Kahn, Musée Albert Kahn, 2024

-Leygonnie Alain, Un jardin à Marrakech, Jacques Majorelle peintre-jardinier 1886-1962, Michlon

2007

-Maalouf Amin, Les jardins de lumière,1991

-Maurières Arnaud et Ossart Eric, Onze jardins d’aridité, expériences marocaines, Pyramyd

éditions, 2024

-Nerval, Gérard de, « les jardins du calife Hakem » in Le voyage en Orient, 1851

-Collectif, Jardins d’Orient, de l’Alhambra au Taj Mahal, Institut du Monde Arabe 2016


Pour plus d'informations sur cette exposition, accéder à ce lien :

https://web.facebook.com/ruemediterranee

lundi 13 octobre 2025

Feuilles d'écriture

Mare nostrum

 Photographie : Feuille de figuier, Provence, le jeudi 18 septembre 2025

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Feuilles d'écriture

Que reste-il de la feuille

sans la sève des souvenirs

de ses meilleurs jours?

Où va la sève de son vert paradis

une fois la feuille écharpée par un vent 

ne lui laissant qu'une charpente orpheline de ses racines?

*
Photographie : Meymac, Corrèze, le dimanche 31 août 2025 à 15:36.
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Feuilles d'écriture

Temps suspendu, je rends à chaque feuille l'immensité de son ciel et le vaste paysage où elle a vu le jour. Elle s'y inscrit -sculpturale- comme l'unique caractère majeur d'un calligramme.
*

Photographie : feuille de courgette, environs de Meymac, Corrèze, le vendredi 22 août 2025 à 19:15. 


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dimanche 12 octobre 2025

Feuilles d'écriture

 Peau de chagrin


Photographie : Environs de Meymac, Corrèze, le samedi 12 septembre 2025.

Du magnolia, ce conseil :

Si tu es dur de la feuille,

jette un œil.
Photographie : Provence, le mardi 23 septembre 2025

Feuilles d'écriture

Ouvre grands tes yeux,

regarde bien

mais ne la ferme pas.
Photographie : Provence, le lundi 22 septembre 2025.

Feuilles d'écriture

Parce que ça l'hymen à rien

*
Par un jeu de cache-cache, la vigne dite "vierge" passe de la feuille au fruit. Comme s'il y avait impasse sur la fleur. Et à chaque printemps, elle se refait une virginité !

Photographie : Environs de Meymac, Corrèze, le vendredi 12 septembre 2025 à 18:38.

Feuilles d'écriture

Entre chenilles et cochenilles,
trous de mémoire
et peau de chagrin

Photographie : Environs de Meymac, Corrèze, le mercredi 10 septembre 2025 à 16:54. 

Feuilles d'écriture

 فِينْ غَادِي بِيَّا خُويَا ؟

Où m'emmènes-tu mon frère ?

https://www.youtube.com/watch?v=NzzUyPvI0wU

Photographie : Corrèze, France, le 6 septembre 2025

Puzzle

Au détour de la rue,
un puzzle!
Jeu d'ombres et de lumière.
Photographie 160905 : Médina de Fès, le 6 mai 2025.

Feuilles d'écriture

Quelles différences entre l'écrit et l'oral ?

Photographie : Provence, le lundi 22 septembre 2025 à 16:22.

Comme la double page

d'un livre grand ouvert

sur l'immensité iodée!

Photographie : Traversée Sète-Tanger, le jeudi mercredi 1 octobre 2025 à 19:21.

samedi 11 octobre 2025

Les palmiers Washingtonia

tirent à la courte paille
pour gagner le firmament
*


Photographies : Fès ville nouvelle, le vendredi 10 octobre 2025 à 18:54.

Grille d'analyse

Tu peux essayer de faire face,

mais le sillage est sans détour :
tout ce que tu laisses derrière toi
a fui irrémédiablement.



Photographie : Traversée Sète-Tanger, le jeudi 2 octobre 2025.

Au Nom du Rose

Ce qui est sûr,
c'est la fissure.
Mais ce rose ?
*
Elle attendait son bus, statue vivante sur un piédestal fissuré.  L'ensemble me faisait l'effet d'une masse tellurique avec les motifs stylisés en noir et blanc  de sa djellaba d'où ce rose jaillissait comme une explosion volcanique suivie par une coulée de lave...




Photographie : Fès ville nouvelle, le mardi 7 octobre 2025 à 18:52.