mardi 17 avril 2012

Spécificités et voisinages

« Tu écris à haute voix » Mohammed Loakira

La Faculté des Lettres et des Sciences Humaines Dhar el Mahrez de Fès, le Laboratoire de Recherche sur l'Expression Littéraire et Artistique (LARELA), l'ERECHAM, Le GEMEC et le GEF organisent courant novembre 2012 un colloque sur le thème:

SPECIFICITES ET VOISINAGES

Regard sur la littérature francophone au Maroc (1990-2012)

Argumentaire:

Derrière tout scribe, une ombre, une voix autre. Dans la littérature marocaine, cette ombre, cette voix dévoile une figure double : le lecteur critique et l’autre en soi qui s’accomplit dans l’acte d’écrire. C’est la raison pour laquelle la littérature au Maroc continue de susciter des interrogations et des controverses, qu’elle soit écrite en arabe ou en français. On s’accorde à remonter initialement cet état de chose au problème de l’engagement et ce qu’il s’escrime à poser comme discours contradictoires… Beaucoup de lecteurs, notamment le lectorat jeune, se posent la question de la spécificité de cette littérature par rapport aux autres littératures francophones : spécificités de son imaginaire, de son écriture, de son esthétique, entre autres. Qu’a-t-elle de si particulier par rapport à la littérature belge, canadienne, sub-saharienne, haïtienne, etc.

L’enjeu, en fait, est la délimitation d’un territoire en tant qu’ensemble de spécificités au niveau de la littérarité, du contenu, de l’imaginaire produit et du système de valeurs sans lesquelles la culture marocaine ne saurait prétendre à l’existence. Ces dimensions sont à même d’impliquer la posture de l’écrivain vis-à-vis de la Langue, du Monde et de l’Homme. Aussi, doivent-ils trouver leur « forme de vie » et leur manière d’être.

La littérature marocaine a vraisemblablement ses spécificités mais aussi ses voisinages.

Beaucoup de critiques ont su mettre en évidence l’inscription de l’hétérogénéité des voix dans les œuvres marocaines par l’engagement explicite ou implicite des formes populaires et de leur symbolisme oral, par « l’infiltration » du texte sacré dans le sens via les signes, par la convocation intertextuelle de textes autres, par l’interférence avec d’autres œuvres de la littérature mondiale…

Cette dimension interculturelle de la littérature marocaine en fait une littérature riche amenant des spécialistes à souligner peu ou prou l’impact qu’elle peut avoir sur d’autres littératures au niveau scriptural. Cet effet de style confirme la singularité poétique de cette écriture, mais confirme plus encore son aptitude à tendre vers d’autres voisinages et prétendre à l’universalité. L’écrivain marocain, quelle que soit sa langue d’écriture, est un écrivain mondial et c’est à ce niveau là que les idées, les imaginaires, les valeurs et les formes de ses écrits conduisent vers l’Etre en ces temps de globalisation. C’est ainsi que les interactions entres les différentes façons d’écrire ont permis à cette littérature de s’affranchir de la question de l’origine et de tout ce qui est établi.

A partir de cette mise en situation, il convient de s’interroger sur l’évolution du statut de la littérature dans notre pays en soulevant une série d’interrogations relatives à l’art verbal qui détermine cette pratique, notamment : en quoi consiste l’esthétique littéraire marocaine ? Comment circonscrire l’orientation de la critique sur la littérature marocaine sans une préalable critique de la critique ? L’essoufflement d’une écriture et la présence/absence d’une poétique ? L’écriture et la question des valeurs ? Le questionnement du monde et les défis de l’écrivain –penseur ? La singularité créative ? Féminisation de l’écriture et écriture féminine ?

Axes de recherche

- La littérature marocaine et les manifestations d’une poétique.

- La littérature marocaine et la question de la réception : bilan critique et nouvelles approches.

- Statut de l’écrivain : les enjeux de l’intellectuel et la liberté du créateur.

- L’écriture entre la singularité et l’universalité.

- Féminisation de l’écriture et écriture féminine.

- La littérature marocaine face aux / devant les nouvelles tendances de l’écriture.