dimanche 9 décembre 2007

Un livre, un film




Le photographe canadien Edward Burtynsky a effectué un long reportage en chine dans lequel il a cerné les méfaits néfastes et pernicieux de la pollution et de l’industrialisation à grande échelle sur les paysages naturels. En parallèle avec le livre "Burtynsky China", le film documentaire "Paysages manufactures" (sorti dans les salles françaises le 28 novembre 2007) constitue un cri d'alarme et une profonde réflexion sur l’industrialisation, l'altération des paysages naturels et la dégradation des conditions de vie de l'Homme.



Selon l'auteur : "La nature transformée par l’industrie est un thème prédominant dans mon travail. Ces images sont des métaphores du dilemme de notre existence moderne ; elles tentent d’établir un dialogue entre attraction et répulsion, séduction et crainte. Pour moi, ces images agissent comme des miroirs de notre époque".




Dans l'avis au lecteur qui figure sur le livre édité par Steidl, on peut lire la note suivante:
"Etre riche, c’est être glorieux !" C’est avec ces mots qu’en 1992, Deng Xiao Ping annonça à ses concitoyens et au reste du monde que la Chine était prête à embrasser le mode de vie occidental. En 1978, un programme national de relance économique fut lancé, accompagné dans un premier temps de vastes réformes agraires, puis renforcé au début des années 1980 par la création des Zones Économiques Spéciales (Z.E.S.). Ces réformes constitutionnelles longtemps attendues offrirent à la population chinoise une vision optimiste de l’avenir. Au regard de l’évolution des Z.E.S. dans le sud de la Chine, le président vieillissant fit cette déclaration, et par la même occasion, réactiva le processus de développement qui avait été fortement ralenti depuis Tiananmen. La possibilité pour les Chinois d’adopter un mode de vie contemporain eut un impact flagrant à la fois sur l’économie et l’écologie mondiales. Edward Burtynsky présente dans ce livre des photographies des vestiges et des zones récentes de l’industrialisation chinoise – ces lieux créés à la "gloire" de la richesse pour une civilisation puissante aspirant à aller de l’avant et à rejoindre les rangs des nations modernes. Grâce à son sens de la diplomatie, Edward Burtynsky a pu pénétrer dans ces sites difficiles d’accès, et en extraire des images à la fois saisissantes et inquiétantes. Ces photographies nous offrent le privilège d’entrevoir les effets de la transformation sociale et économique actuelle en Chine. Edward Burtynsky porte un regard attentif sur les expressions extrêmes de l’industrie chinoise. Parmi ses sujets, on trouve le barrage des Trois Gorges, le projet d’équipement le plus important à l’heure actuelle, et Bao Steel, le plus grand producteur d’acier de Chine. Il explore les derniers dinosaures d’anciens complexes industriels situés dans "la ceinture de la rouille", au nord-est, et les chantiers navals de Qiligang, le site de construction navale le plus dense du pays. Son appareil photo pénètre dans des villages entiers dédiés uniquement au recyclage des déchets électroniques, des plastiques et des métaux, dont le tri soigné est fait manuellement. Il nous emmène dans des ateliers aux perspectives infinies tels que celui de Cankun, le plus grand producteur de fer mondial (23 000 employés) ; Yu Yuan, un fabriquant de chaussures de sport (90 000 employés) ; et Deda, le principal industriel avicole de Chine. Enfin, Edward Burtynsky fixe son attention sur le paysage des sites, et s’attache également à la grandeur et à la modernité de la Chine à travers l’effervescence de centres comme Shanghai, où d’innombrables gratte-ciel remplacent à un rythme rapide d’élégantes constructions plus anciennes qui ont autrefois accueilli le flot incessant de nouveaux citadins emplis d’espoir. Adolescent, Edward Burtynsky a travaillé dans d’immenses usines d’assemblage automobile, ainsi que dans les mines d’or du nord de l’Ontario. En tant qu’artiste, il s’est nourri de ces expériences et de l’apprentissage de son métier de photographe. Il applique ses connaissances des grands espaces industriels à son expérience sur le terrain, créant des images dont l’expression finale se traduit par les somptueuses épreuves en couleur, à grande échelle, qui sont sa marque de fabrique. Depuis 1978, les sujets choisis par Edward Burtynsky varient entre mines, carrières, usines de recyclage, gisements pétroliers, raffineries et chantiers navals. Ses oeuvres détaillées et précises apportent un témoignage sur la relation évolutive de l’homme par rapport à la nature à travers les paysages industriels qu’il a construits. Sans célébrer ni condamner l’industrie, les photographies d’Edward Burtynsky sont des passerelles entre la vie que nous menons et les espaces que nous créons pour la mener. Ces trois dernières années, Edward Burtynsky a concentré son travail sur des sujets analogues ; cette fois, nous découvrons une standardisation consciencieuse. Toutes les industries qu’il a choisies sont situées dans l’immense coeur manufacturier de la Chine. Il nous livre une vue d’ensemble d’une société qui s’évertue à offrir une "vie meilleure" à ses citoyens.


La bande-annonce de ce film documentaire engagé peut-être visualisée sur la vidéo qui suit :


Vous pouvez également découvrir le travail de ce photographe canadien en cliquant ici