jeudi 4 novembre 2010

Lieux, mémoires, commémorations

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Les 17, 18 et 19 mai 2011, la faculté des lettres Moulay Ismaïl de Meknès, le groupe de recherche en art et littérature et l'institut français de Meknès organisent un colloque consacré à la thématique plurielle "Lieux, mémoires, commémorations". Cette manifestation sera accompagnée de plusieurs expositions photographiques.

Argumentaire :

« Je sais d’emblée que je vais passer ma vie à tenter de coïncider avec cet espace ouvert »

Philippe Sollers, Dictionnaire amoureux de Venise

Le présent colloque pourrait, dans le sillage des Colloques : « Poétique de la ville » et « Représentations et Esthétique des Ruines », prolonger l’approche du devenir de(s) la mémoire(s) appréhendée(s) à travers le prisme des relations pouvant se tisser entre celle(s)-ci et les « lieux » dont la texture relève d’une substance désormais éminemment hybride puisque faite de pierres autant que d’écrits et d’images (fixes ou mobiles). C’est ainsi que, en Littérature comme en Arts, l’on revisite des lieux déjà là, de même que ceux pouvant être qualifiés de « nouveaux » ou tout simplement de « mal vus » ou de « pas assez vus ».

Certains de ces lieux se présentent comme des espaces insulaires et incantatoires en ce sens qu’ils provoquent un effet ataraxique, cathartique même et qui est de nature à nous faire prendre conscience de tout le chemin parcouru dans l’accaparement de l’espace que nous finissons par investir en un lieu qui devient nôtre, c’est-à-dire en lui donnant une identité.

Quel type de liens sentimentaux s’établit donc avec ces lieux ? D’où vient que l’homme éprouve le besoin de se rendre sur ces lieux de commémoration et quels effets produisent-ils en lui ? Enfin, ces lieux tiennent-ils de nos jours la même place et ont-ils la même importance qu’autrefois ?

Or, la question est donc de savoir quels en sont, ici et là, les enjeux, les tenants et les aboutissants sachant que, depuis le Msid (Ecole coranique), le hammam ou la médina (lieux largement revisités dans la Littérature Marocaine de Langue Française) jusqu’à l’arrivée d’une communauté de « nouveaux » espaces (salle de cinéma, prison, textes ou images), nous assistons à un processus d’élargissement du paradigme des lieux de mémoire. Plusieurs mémoires peuvent être convoquées ici, notamment : la mémoire géographique, architecturale, urbaine, sonore, culinaire, picturale, musicale, etc.

Au Maroc, par exemple, Abdellatif Laâbi revendique la nécessité, si ce n’est l’urgence, d’une politique culturelle de préservation de la « mémoire du contemporain », histoire de se prémunir contre le risque d’amnésie, voire « d’effacement » irréversible. Un peintre comme Kacimi, un écri­vain comme Choukri et bien d’autres noms propres d’écrivains, d’artistes et d’« adresses » emblématiques des mutations autant socioculturelles que politiques ne méritent-ils pas de fi­gurer parmi les « nouveaux » lieux de mémoire ? N’y a-t-il pas lieu de définir ou de redéfinir ce que l’on entend par lieux de mémoire ? Y aurait-il une « politique » et un « discours » conscients d’eux-mêmes en la matière ?

Les thématiques à retenir pourraient avoir partie liée à la manière dont la cartographie (la « liste » ou le paradigme des lieux de mémoire « locaux » et/ou « (g)locaux ») se voit « élargie », « revue » et « réécrite » — étant donné que les frontières sont ici de plus en plus « court-circuitées » par le « transnational » —de sorte que la question pourrait être celle-ci :

Quels sont les figures, les modes et les procédures « propres » aux artistes et aux écri­vains « habités » (parfois jusqu’à l’obsession) par un lieu (ou des lieux) qu’ils (ré)arpentent, « réin­ventent » et/ou « réédifient » ; un lieu dans lequel ils se retrouvent, à chaque fois, enclins à tenter une possible et/ou impossible quête que cristallise l’expérience du Temps lui-même, pour reprendre un autre mot de Sollers à propos de Venise.

Nous invitons tous ceux qui seraient intéressés par le sujet à nous envoyer, jusqu'au 20 janvier 2011, un résumé de 400 mots de leur projet de communication aux adresses suivantes :

m.lehdahda@gmail.com

cooperation@ifmeknes.ma